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POUR UNE REPUBLIQUE SOLIDAIRE ET FRATERNELLE

par Lucien PAMBOU ancien conseiller municipal UMP/LR 2008/2014


Municipales : en tournant le dos à la gauche, Hollande s'est affaibli tout seul

Publié par Lucien Pambou sur 27 Mars 2014, 21:21pm

 

Par Lucien Pambou
Ancien conseiller UMP

 

 

LE PLUS. 36,45%. C'est le taux d'abstention atteint lors du premier tour des municipales. Ce chiffre record pourrait-il être la cause de la déroute du PS lors du scrutin du dimanche 23 mars ? Pour Lucien Pambou, ancien conseiller municipal UMP, une partie des électeurs de gauche ne s'est pas déplacée et cela a fait toute la différence. Explications.

Édité par Anaïs Chabalier Auteur parrainé par Maxime Bellec

Lors du premier tour des municipales, le taux d'abstention a atteint 36,45% (GILE MICHEL/SIPA)

 

 

Les sondages avaient prévu un fort taux d’abstention pour le premier tour des élections municipales de 2014. Ils ne se sont pas trompés. En revanche, les raisons avancées avant les élections ne correspondent pas toujours à la réalité du scrutin du 23 mars.

 

 

Si on pense que le taux de participation à une élection est un indicateur du sentiment d’appartenance à la collectivité pour laquelle on donne ses voix, on peut noter que, pour les Français, l’élection présidentielle, forme ultime de représentation de la France, et l’élection communale, symbole de la commune, constituent les deux catégories impensées et pensées pour justifier leur déplacement ou non en direction du bureau de vote.

 

 

De la résistance dans les bastions traditionnels de la gauche

 

 

L’abstention différentielle a montré que, paradoxalement, si la droite républicaine au sens large a obtenu autour de 47%, la gauche 38% et le Front national, entre 4 et 5% des suffrages exprimés, la gauche française, et surtout le PS, ont résisté dans les bastions où le discours socialiste est historiquement enraciné malgré la présence du Front national.

 

 

En dépit des déboires du gouvernement, liés à l’illisibilité de son programme économique et à l’absence d’autorité du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, on note que dans les bastions traditionnels de la gauche il y a eu un mouvement de résistance et que les électeurs sont allés voter pour le Parti socialiste.

 

 

En revanche, dans des villes acquises nouvellement par la gauche en 2008, comme Reims ou Toulouse, les électeurs de gauche sont restés à la maison, ce qui entraine l’absence d’une victoire dès le premier tour, de Madame Hazan à Reims et de Monsieur Cohen à Toulouse.

 

 

Cette montée régulière de l’abstention, qui touche la scène municipale, traduit un rejet par la population des promesses de la classe politique de droite comme de gauche.

 

 

Le FN est en train de remplir l’espace politique français

 

 

La montée médiatique du Front national, qui est un fait de communication et une réalité dans certaines villes comme à Hénin-Beaumont, exprime ce que j’ai déjà dit ici sur le Plus à travers mes analyses sur le Front national. Je les reprends rapidement.

 

 

L’UMP comme le PS ne peuvent continuer à dénoncer le Front national en disant que ce n’est pas un parti républicain. Si c’est le cas, il faudrait le dissoudre et mettre au pilori certains de nos compatriotes qui votent pour ce parti. Les électeurs du Front national sont français, ils ont donc le droit de voter pour le FN, qui porte, à tort ou à raison, les inquiétudes des populations que la modernité de la mondialisation laisse sur le carreau.

 

 

Il faut que l’UMP, le PS, le Parti communiste, le Front de Gauche, voire le NPA et d’autres partis comme Lutte ouvrière, regardent la vérité en face avant de juger les électeurs du Front national et changent surtout leurs discours programmatiques.

 

 

Dans cette force réelle organisée, avec des cadres inexpérimentés et pour la plupart jeunes, le Front national est en train de remplir l’espace politique français. Il est donc urgent que les partis, dits républicains, arrêtent de se lamenter et apportent des réponses organisées et méthodiques aux problèmes qui se posent chez certains de nos compatriotes, qui se considèrent victimes des insécurités massives (chômage, pauvreté, délinquance, etc.).

 

 

Hollande s’est affaibli lui-même

 


Hollande a été élu sur un programme de gauche. Il a dû attendre deux ans avant de se déclarer social-démocrate (le SPD allemand, parti de gauche, l’a fait en 1959 lors de la conférence de Bad-Godesberg) sans expliquer aux populations de gauche, qui avaient voté pour lui, qu’il avait changé de trajectoire et que ces populations devraient s’adapter.

 

 

Hollande s’est affaibli lui-même. Il est peut-être intelligent, mais il reste sourd aux demandes sociales qui émanent de son propre électorat. Cela risque de lui coûter cher s’il a vocation à se représenter en 2017.

 

 

Il se dit ici ou là que le président Hollande va peut-être prendre la parole avant ou après le second tour des élections municipales. C’est bien de le faire, mais pour dire quoi ?

 

 

Même s’il intervient avant le second tour, il ne pourra pas enrayer la montée de l’abstentionnisme différentiel. Il n'empêchera pas les électeurs de gauche de rester à la maison, et ceux de droite, qui ont voté pour lui, de rejoindre leur parti naturel comme l’UMP ou l’UDI et d’amplifier la vague bleue du premier tour.

 

 

Le départ ou non de Jean-Marc Ayrault de la primature n’est pas, de mon point de vue, la priorité ultime. C’est l’absence de clarification du nouveau chemin politique poursuivi par Hollande qui pose problème. Il faut qu’il dise, pour les trois ans à venir, ce qu'il compte faire pour la France.

 

 

Les équipes ministérielles sont trop importantes, il faut réduire le périmètre des ministères et donner de façon précise les missions à celles qui resteront. Si Hollande le fait, il pourra toujours changer Jean-Marc Ayrault, à moins qu’il attende 2015 pour le faire, mais cela risque peut-être d’être trop tard pour lui.

 

 

Il doit tenir compte du vote et des demandes des Français

 

 

La vague bleue qui submerge les municipalités au premier tour (UMP/UDI/MODEM) est liée plus aux erreurs de Hollande, à l’insatisfaction des attentes déçues des Français, qu’à un véritable projet politique des partis de la vague bleue.

 

 

A l’UMP et à ses alliés d’utiliser cette abstention différentielle pour en tirer des leçons et mettre sur les rails un projet politique d’alternance crédible. Demander la baisse des impôts à longueur de journée n’est pas un projet politique, ce n’est qu’un outil qui doit être utilisé politiquement et expliqué techniquement aux électeurs qui doivent en tirer les avantages en terme de pouvoir d’achat.

 

 

François Hollande ne peut enjamber, comme il se dit ici ou là, les élections municipales. Il est obligé de tenir compte du vote et des demandes sociales des Français. C’est à ce prix qu’il pourra restaurer la confiance politique avec les Français.

 

 

Confucius dans sa sagesse disait : "Si tu veux réformer le système, commence par te réformer toi-même".

 

 

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