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POUR UNE REPUBLIQUE SOLIDAIRE ET FRATERNELLE

par Lucien PAMBOU ancien conseiller municipal UMP/LR 2008/2014


Macron et la colonisation : la France est en souffrance avec ses mémoires refoulées, oubliées

Publié par Lucien Pambou sur 19 Février 2017, 12:29pm

 

Crime contre l’humanité ou pas, le débat peut-il être ouvert au cours de cette présidentielle ?

 

Décidemment Macron ne fait pas les choses comme tout le monde. Son instruction, sa verve de jeune candidat, sa nouvelle stratégie dans le domaine politique, sa façon de faire la campagne, sa volonté d’appeler un chat, un chat, trouble le Landernau politique français, surtout le personnel politique habitué à la grosse langue de bois et aux paroles cuites et recuites qui masquent souvent une vérité historique.

 

Le crime de lèse-majesté de Macron, c’est d’avoir déclaré que la colonisation était un crime contre l’humanité, alors que certains politiques, pas toujours très érudits, mis au courant de l’analyse historique, affirment que le qualificatif de crime contre l’humanité ne s’appliquait pas à la colonisation (Algérie, Afrique noire, ancien empire colonial français) aux motifs que l’apport des Lumières, œuvre civilisatrice de la France, a permis à la France de bâtir un modèle républicain proclamant le principe d’égalité. Sur cette base, Henri Guaino, candidat LR à l’élection présidentielle, dit que la France n’a pas à s’excuser de ce qu’elle a fait au cours de son histoire. François Fillon et Marine Le Pen, caressant les pieds noirs rapatriés d’Algérie, expliquent que Macron a tort. Hamon, plus mesuré, pense qu’il ne faut pas jeter l’huile sur le feu.

 

Quelle est la position des historiens, ou de certains d’entre eux comme Benjamin Stora, spécialiste de l’Algérie, Président du Conseil d’orientation de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration et auteur de l’histoire dessinée de la guerre d’Algérie au Seuil ? Dans le Parisien du vendredi 17 février 2017, à la page 4, Benjamin Stora estime que la colonisation est un bien un crime contre l’humanité. La définition juridique est très large et, selon lui, elle englobe aussi bien la shoah que l’esclavage ou la colonisation. Pour Stora, les différentes lois d’amnistie votées dans les années 60 empêchent que des plaintes initiées par des individus aboutissent. Il estime que c’est une question trop brûlante et trop politique en France car la France refuse de voir les crimes qu’elle a perpétré en Afrique noire comme en Algérie au nom de sa mission civilisatrice. Pour lui, les choses sont claires, les crimes contre l’humanité impliquent aussi bien la Shoah, que tout génocide (comme celui des Arméniens) ou la colonisation.  Il pense que, dès lors que l’on prononce crime contre l’humanité en France, le débat se clôt ou se politise.

 

Voilà les éléments d’un débat sur les mémoires que la France peut ouvrir, sans tout de suite verser dans le registre de la repentance ou de l’excuse. On peut discuter sans forcément avoir un a priori marqué par l’empathie ou la « désempathie ». La France est un pays bizarre car elle a beaucoup de mal avec ses mémoires (esclavage, colonisation, décolonisation, collaboration). Il a fallu attendre l’intervention courageuse de Jacques Chirac pour dire que l’Etat français était coupable dans la déportation des Juifs. Cet Etat français représenté par Vichy a joué un rôle important, implicite ou explicite, dans la mise en place des politiques ignominieuses contre les Juifs par Hitler.

 

Macron a eu raison, en tant que candidat, de mettre sur la table des problèmes qui fâchent et qui tendent la société française actuelle au nom d’un vivre-ensemble hypocrite et stratégique. Le vivre-ensemble hypocrite est caractérisée en France par de nombreuses politiques publiques, la création d’organisations antiracistes, la mise en œuvre des politiques de lutte contre les discriminations. Les véritables problèmes sont ailleurs, ce sont des problèmes de mémoire refoulée que les uns (pieds noirs par exemple) et les autres (enfants de la troisième génération dont les parents ou grands-parents viennent de l’Empire français) ont du mal à résoudre.

 

Il faut se parler, ne pas demander de la repentance, ne pas demander des réparations (quoique…) et construire une société hétérogène dans sa composition mais homogène dans sa citoyenneté républicaine. Voilà à quoi doit servir la sortie de Macron, au moment où la campagne présidentielle se met en route. Voilà un petit projet politique intéressant, mais à condition de l’analyser de façon historique en s’appuyant sur des faits.

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Le pédagogue :<br /> <br /> <br /> Bugeaud.<br /> Thomas Robert Bugeaud (1784-1849).<br /> Marquis, duc et maréchal, toujours honoré par l’État français, comme d’innombrables autres de son acabit.<br /> Il s’est distingué dans les massacres sous Napoléon, dans les répressions de révoltes à Paris, et surtout dans les horreurs du colonialisme en Afrique, plus particulièrement en Algérie où il a été « gouverneur général ».<br /> Il disait que le but du colonialisme « est d’empêcher les arabes de semer, de récolter, de pâturer […] ou de les exterminer jusqu’au dernier ».
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