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POUR UNE REPUBLIQUE SOLIDAIRE ET FRATERNELLE

par Lucien PAMBOU ancien conseiller municipal UMP/LR 2008/2014


COVID-19 : L’Afrique doit refuser l’aide de la France et opter pour la création d’un fonds spécifique de 300 milliards FCFA

Publié par Lucien Pambou sur 3 Mai 2020, 20:05pm

  Coronavirus: cinq stratégies pour juguler la propagation du Covid ...   

 

La France est dans une communication non structurée et inapte : elle est perdue.

La France occupe la 74ième place dans le recours aux tests de détection du COVID 19. Il en est ainsi pour une communication oiseuse et inadaptée dans le domaine des masques, des tests et aujourd’hui en ce qui concerne la cartographie des zones vertes et rouges qui signale la dangerosité du COVID 19. La France, jacobine dans l’âme, finit par reconnaître qu’elle devient girondine dans les faits car il s’agit de donner, après une communication inopérante en direction des populations, plus de liberté aux départements et surtout aux couples préfets/maires dans la gestion pratique du COVID 19.

Les pays africains francophones, dont le mode de gouvernance politique repose sur la centralité de l’État dans la prise de décision et dans l’exécution de celle-ci, devraient méditer ce revirement institutionnel qui valorise les territoires, c’est à dire les lieux de proximité des populations. Certains de mes compatriotes Congolais trouveraient, dans cette nouvelle façon de faire, des armes utiles pour valider un régime de type fédéraliste. Ils ont raison car l’Allemagne fédérale a mieux géré la crise que la France grâce aux Länders qui, par leur organisation institutionnelle, ont su répondre à la crise sanitaire du COVID 19 en lien avec l’État fédéral et surtout la Chancellerie pilotée par Merckel.

Les Africains doivent apprendre, malgré la coopération séculaire avec la France, à penser par eux-mêmes en s’appuyant sur les expériences hors bloc France/Afrique

 L’Afrique est mal partie, disait avec pertinence l’écologiste René Dumont dans les années 60/70. On peut, sans hésiter, dire qu’elle a du mal à partir  ou n’est pas partie du tout car ses intellectuel(le)s, mâtiné(e)s de culture et de diplômes français pour la plupart, raisonnent et fonctionnent de manière abstraite dans la pratique. Les Africains francophones, comme leurs homologues français, sont structurés autour d’un individualisme abstrait, universel du 18ième siècle, alors que la situation actuelle nécessite une réflexion marquée par un individualisme particulariste en fonction des situations et des identités sociales (genre métiers, etc,). C’est un débat philosophique et sociologique, qui permet d’éclairer les errements de la France et des Africains qui ont étudié dans ce pays sur les rapports entre individus et société. La centralité conduit souvent à l’autoritarisme et est souvent source de corruption, d’arrogance et de suffisance en matière de gouvernance politique.

Au début de la crise du COVID 19, la communication politique du président Macron et de son gouvernement, visait à minorer l’importance de cette crise sur la société globale. La communication s’est adressée à des individus cantonnés à la sphère privée, selon le mode de l’individualisme abstrait du 18ième siècle. Dormez calmement braves gens, l’État est aux commandes, la crise est chinoise et atteint uniquement le continent asiatique.

Ce discours a volé en éclats dès lors qu’en France la région de l’Est et l’Ile de France ont été massivement atteintes. Très vite, l’individualisme particulariste, c’est à dire la société prise dans sa totalité, est devenu un sujet de préoccupation. On s’est aperçu que le gouvernement français a menti sur la disponibilité des masques, des tests et sur l’incapacité de trouver un accord au sein de la communauté scientifique. On a rapidement vu à la télévision des débats d’ego entre scientifiques sur la façon de contenir le COVID 19. Ce type de débat est présent en Afrique francophone. Le débat sur la crise sanitaire continue à l’heure actuelle, après la problématique des masques qui fait l’objet d’un consensus. Le débat sur les tests fait encore l’objet d’un dissensus, même si le 11 mai, date officielle de déconfinement, entraîne des peurs dans la population française.

En Afrique francophone, le taux de prévalence de la contagion est relativement faible. Il ne faut pas répéter les erreurs des intellectuels et scientifiques français qui discourent sur les plateaux de télévision, plus qu’ils ne travaillent. On peut se demander à haute voix pourquoi Madame le Professeur Ntumi, infectiologue et mondialement réputée par les laboratoires étrangers, n’est pas à la tête du comité scientifique créé au Congo, même si elle coopère avec celui-ci. Quels sont les critères retenus pour faire partie de ce comité scientifique ? Il n’y a pas de débat intellectuel à avoir ici, mais il s’agit simplement de montrer que les compétences professionnelles doivent être mises en avant.

Les pays africains francophones sont dans une situation de répit face au COVID 19. Il s’agit de ne pas perdre de temps, de laisser de côté les velléités ethno-centristes qui structurent la plupart des pays francophones et d’utiliser en amont les personnes idoines pour conseiller les gouvernements et les aider à mettre en place une organisation territoriale décentralisée de la lutte contre le COVID 19. C’est une réflexion qui sera stratégique et qui, paradoxalement doit s’appuyer sur la centralité de l’État pour apporter des réponses claires aux territoires qui manquent de tout en matière d’infrastructure sanitaire, de professionnels compétents, de médicaments et de respirateurs. La réponse immédiate dépend de chaque Etat, mais la réponse globale doit être fondée sur une coopération africaine dans la gestion de la dette spécifique à créer, liée au COVID 19 et surtout dans la zone franc.

Gestion d’une dette spécifique COVID 19 au sein de la zone franc

Au Congo Brazzaville, Denis Sassou NGuesso a donné 158 millions de francs CFA de sa cagnotte personnelle, l’opposition « officielle » conduite par Tatsy Mabiala a donné 10 millions de francs CFA au premier ministre Clément Mouamba ; les associations congolaises et les citoyens se mobilisent pour fabriquer des masques et alerter la population sur la nécessité de pratiquer des mesures barrières (lavage des mains, port des masques) afin de limiter la contamination. Tout ceci va dans le bon sens, mais demeure insuffisant compte-tenu de l’état de délabrement des hôpitaux et des conditions d’hospitalisation à Brazzaville, à Pointe Noire et dans les différentes régions du Congo. C’est un fait observable. Il faut aller plus loin et sortir du domaine réservé Congo en initiant une dette spécifique COVID 19. La zone franc interdit la création monétaire qui serait initiée par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest et la Banque centrale des Etats d’Afrique centrale au nom de la lutte contre l’inflation.

Que la France dise aux Africains francophones pourquoi la Banque centrale européenne (BCE) pratique le « quantitative easing », c’est à dire la création monétaire contre détention des dettes initiées par les Etats européens pour lutter contre les conséquences du COVID 19. Ce qui est valable pour l’Europe ne le serait-il pour l’Afrique francophone, dont le modèle bancaire suit à la trace le modèle franco-européen ? Il suffirait de 300 milliards soit forme d’obligations détenues par la zone franc contre la monnaie pour permettre aux pays africains de lutter contre les conséquences du COVID 19. C’est une dette qui serait spécifique, en dehors des dettes traditionnelles ( bilatérales ou multilatérales, voire concessionnelles) des pays africains francophones. Il faut éviter de se laisser griser par les propositions internationales, dont celle de la France, d’une aide financière à l’Afrique pour lutter contre le COVID 19. La  dette de 300 milliards initiée par la zone franc ferait l’objet d’une négociation spécifique (remboursement du capital, maturité, taux d’intérêt) entre les pays africains francophones et la France.

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