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POUR UNE REPUBLIQUE SOLIDAIRE ET FRATERNELLE

par Lucien PAMBOU ancien conseiller municipal UMP/LR 2008/2014


Controverse : Vive la crise ! Moralisation ou refondation du capitalisme ?

Publié par Lucien Pambou sur 8 Mars 2009, 14:43pm

Le rôle joué par le capitalisme financier dans le déclenchement actuel de la crise économique et sociale est reconnu par tout le monde. La crise financière liée aux subprimes serait responsable de nos maux actuels : faillites des entreprises, chômage, protectionnisme rampant, absence de coordination des politiques économiques des pays membres de la zone euro (Euroland). Le capitalisme comme système économique et le marché comme support de ce système seraient responsables des ruptures actuelles et contribueraient à la répartition inégale des richesses dont profiteraient les banquiers et traders véreux. La crise, la belle affaire du siècle, pour se défausser sur le système alors que c’est la pratique des individus à l’intérieur du système qui doit être condamnée, ce n’est pas le système capitaliste qui est responsable de la crise actuelle, mais les hommes et les femmes qui s’abritant derrière leur égoïsme, leurs penchants pour un pouvoir sans limite ont contribué à faire émerger la crise aux conséquences que tout le monde connait dans sa vie quotidienne.

 



1.      
Responsabilité de la théorie économique dans la crise actuelle.



Une mauvaise lecture et une mauvaise digestion des enseignements théoriques des pères fondateurs du capitalisme (Adam Smith, David Ricardo, Jean-Baptiste Say) font croire que pour ces libéraux le marché devait tout réguler, or rien de tel. Quand on relit « La Richesse des Nations » d’Adam Smith qui déjà au 18ième siècle posait le problème des régulations par les pouvoirs publiques des consommations collectives. Malheureusement la valorisation d’un capitalisme financier triomphant dans les années 80 a fait croire que le marché pouvait tout faire, voire réguler la vie des gens. Rien de plus faux et de plus arbitraire que de penser cela. Alors, ne soyons pas étonnés que les pouvoirs publics redécouvrent une mission qu’ils n’auraient jamais dû laisser en se contentant de gérer à la marge la société via le canal politique et faisant croire que les aspects économiques étaient le fait du seul marché.


La crise est là, profonde, permanente, il faut la glorifier, il faut l’aimer car elle nous oblige à sortir des sentiers battus traditionnels, du ronron conformiste, des vieux modèles d’organisation et de fonctionnement des économies et de la politique. La crise oblige à la décence mentale, réflexive, intellectuelle et organisationnelle. Plutôt que de refonder le capitalisme, car le modèle communiste est mort, il faut moraliser le capitalisme, même si cette moralisation est discutable pour certains psychanalystes de la crise qui estiment que le système capitaliste est amoral et que il n’y a rien à faire. Alors quel autre modèle alternatif au capitalisme ? Rien, silence dans les rangs.

 



2.      
La crise : moralisation ou refondation



Pour certains, la crise va emporter avec elle l’organisation sociopolitique et économique des pays capitalistes, valorisant ainsi la prédiction de Karl Marx qui estimait que la baisse tendancielle du taux de profit des entreprises ajoutée à la lutte des classe, se traduirait par un effondrement et une disparition du système capitaliste signifiant ainsi l’avènement du système socialiste qui lui-même amènerait un système communiste et à long terme une société sans classe. La vérité historique a montré que, malgré les nombreuses crises, le système capitaliste a toujours su se refonder et exister. Pour ma part, cette refondation est en marche et, filant la métaphore de l’économiste autrichien Schumpeter, je pense que nous sommes dans une situation de « destruction créatrice » dans laquelle le nouveau va remplacer l’ancien. Les entreprises non performantes disparaitront au profit des plus performantes. De nouvelles méthodes d’organisation et de gestion des espaces socioéconomiques et politiques vont émerger. La prise en compte de l’individu dans la gestion de l’avenir sera de plus en plus valorisée dans le contexte en marche du développement durable et des moyens d’existence à long terme de l’individu (sur les plans sanitaires, politiques, environnementaux, sociaux et culturels).


Pour ma part, il faut moraliser le système capitaliste même s’il soulève quelques controverses que je vais vous présenter en m’appuyant sur un débat paru dans le Monde du 26 février 2009 , page 18-Horizons Débats-, « Psychanalyse de la crise ».

Le sociologue Robert Castel dans cette page du Monde est sans ambigüité avec d'autres psychanalystes quand ils évoquent l’avenir du capitalisme et de son outil essentiel le marché : « Moraliser le capitalisme est un non sens, le capitalisme est amoral par nature, il ne se soucie pas d’éthique ni de solidarité, mais de compétitivité, d’efficience, et de profits et ce faisant il est parfaitement dans son rôle. On ne peut pas changer la logique interne du capitalisme. » Mais, poursuit-il, on ne peut pas davantage éluder sa présence et sa puissance. Robert Castel propose, et je suis d’accord avec lui, d’établir des règles qui ne seront pas simplement comptables, financières pour la surveillance des banques, mais des règles éthiques qui remettent l’humain au cœur du dispositif, capitalisme et marché.

Voilà le chantier pour les prochaines années.

 

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H
Le capitalisme par nature n'est pas moral et la question de sa morale ne se pose pas, c'est un système, autrement dit un mode d'organisation et de fonctionnement de la sphère économique, il découle d'une pensée économique. C'est sans doute parce que le politique ne s'est pas suffisamment occupé de ce qui est moral pour ne se tourner que vers ce qui rentable que les dérives actuelles et la crise financière sont là. Il ne s'agit donc pas de choisir entre Etat et marché, mais de savoir comment le politique contrôle le système et concoit le bien être des individus vivant dans une société.<br /> Je conseillerais aux lecteurs du site intéressés par le sujet de lire le livre d'André Comte-Sponville "Le capitalisme est-il moral ?" qui traite assez bien le sujet.
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